QUI ÉTAIT SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX ?
Cet abbé est né en 1091 dans un château-fort en France, d’un père chevalier bourguignon. Selon la tradition perpétuée dans les familles nobles au Moyen Âge, il était destiné à épouser la voie ecclésiastique puisqu’il était le troisième fils. Sa mère attachait en particulier beaucoup d’importance à une éducation chrétienne. Avant même sa naissance, un chien blanc lui était apparu en rêve, qui fut interprété comme le futur « chien de garde du Seigneur ». Bernard lui-même eut aussi des visions pieuses à plusieurs reprises. Une preuve de son charisme : avant même d’entrer au monastère en 1112, il convainquit toute sa famille et de nombreux amis de renoncer au monde et de le suivre dans cette voie. Il décida d’entrer au monastère de Cîteaux, nouvellement fondé en 1098 par Robert de Molesme. C’était le haut-lieu de la révolte contre la magnificence et la toute-puissance des Bénédictins de Cluny, où on aspirait au retour à des règles strictes en matière d’ascèse. Bernard prononça ses vœux en 1114, et fut envoyé pour fonder un nouveau monastère un an plus tard, précisément à Clairvaux, qui allait devenir l'abbaye cistercienne la plus importante et influente.
LE MONASTÈRE CISTERCIEN À BEBENHAUSEN
Bernard et ses sermons étaient si fascinants que l’ordre s’est répandu dans toute l’Europe centrale en quelques décennies. De nombreuses anciennes abbayes bénédictines ou de prémontrés furent converties en monastères cisterciens. Ce fut également le cas à Bebenhausen, qui fut fondé à l’origine en 1183 comme un monastère de prémontrés. L’arrivée des moines cisterciens en 1189 marqua les débuts de l’expansion rapide du monastère. Le « Plan Bernardin » fut respecté tout au long de cette entreprise. Il prévoyait la traversée du site par un cours d’eau et le regroupement des bâtiments autour du cloître. L'église du monastère a également été construite selon les règles édictées par Bernard et n’a donc pas de tour, mais un impressionnant clocheton sur la croisée à la place. À l’intérieur, on retrouve l’architecture sobre et austère des Cisterciens, toujours perceptible même si elle a subi des aménagements dans le style gothique lors des siècles suivants.
RÉORGANISATION ET IMPACT
S’il n’est pas le fondateur des Cisterciens, les nouveautés insufflées par Bernard de Clairvaux sur le plan de la théorie comme de la pratique furent décisives pour l’expansion rapide de cet ordre. Les prouesses techniques réalisées dans le domaine de l’agriculture furent très importantes, ce qui permit à l’ordre de s’arroger une part non négligeable de la prospérité à l’époque. C’est notamment la technique d’irrigation sophistiquée, faisant appel à des étangs et des canaux, et dans laquelle les cisterciens excellaient, qui est impressionne encore le manant de nos jours. Bernard lui-même reçut le titre de « Docteur melliflue » pour son art efficace de la rhétorique : un érudit qui excelle à faire couler du miel à partir des Écritures. Il s’est non seulement fortement impliqué pour promouvoir l’ordre, mais il a aussi largement contribué à l’engouement pour les croisades qui ont commencé à cette époque.
UN ENSEMBLE MONASTIQUE D’UN CARACTÈRE TOUT PARTICULIER
Cependant, les ensembles monastiques construits selon les règles de Saint Bernard ont su préserver leur effet particulier jusqu’à ce jour. Il était particulièrement important de renoncer entièrement aux fioritures et aux peintures pompeuses, car elles détournaient l’attention de la prière et entravaient l’exercice de la dévotion selon Bernard. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les représentations du saint ne furent réalisées qu’au cours des siècles suivants. La réduction de l’architecture, combinée à la taille monumentale des constructions, exerce encore aujourd’hui un effet puissant sur l’observateur – ce qui explique aussi pourquoi les bâtiments du monastère médiéval de Bebenhausen en bordure des forêts du Schönbuch fascinent toujours autant les visiteurs actuels.
LA LÉGENDE DE BERNARD À BEBENHAUSEN
L’église du monastère abrite une des rares représentations de Bernard de Clairvaux. Le panneau peint réalisé par un maître inconnu illustre l’une des visions du saint personnage : il prie devant la croix tandis que Jésus Christ se penche sur lui et l’étreint. Dans cette représentation s’exprime la profonde piété mystique des cisterciens, qui fit de Bernard également une figure de proue de la recatholisation. Interprétée comme une descente de Croix et grâce à un heureux hasard, la « légende de Bernard » a survécu à la période iconoclaste de la Réforme, dont ont été victimes de nombreuses images de saints.
JOURNÉE-DÉCOUVERTE AU MONASTÈRE LE 13 OCTOBRE
L’héritage le plus impressionnant de Saint Bernard est certainement l’ensemble monastique préservé, dans lequel l’esprit de l’ordre cistercien médiéval est encore aujourd’hui perceptible et vivant. Pour la cinquième reprise, les anciens monastères du Bade-Wurtemberg organisent cette année une « Journée-découverte au monastère » : Le 13 octobre, les visiteurs pourront découvrir la vie des moines et leur vie quotidienne pendant la période de construction des monastères au cours de visites guidées et de manifestations organisées à cette occasion. Le monastère de Maulbronn, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, participe à cette journée avec un programme particulièrement bien fourni.